Sur le lac Inle dans l’état Shan de Birmanie, les petits constructeurs de pirogues travaillent sans relâche pour équiper les transporteurs de marchandises, de touristes et les petits pêcheurs.
♦ Les agences de voyages et les guides locaux débarquent régulièrement leurs touristes sur le ponton d’un des quatre ou cinq petits fabricants de pirogues qui se trouvent sur le lac Inle. Après quelques rapides explications, les touristes sont très vite orientés vers un stand d’objets et de souvenirs divers en teck. Moi j’y suis surtout venu pour découvrir cette activité et prendre quelques photos. A mon arrivée je suis très rapidement présenté au patron de la petite fabrique.
♦ C’est un jeune homme qui m’explique être le digne successeur d’une lignée de constructeurs de père en fils. Ce qui me surprend tout de suite est son côté féminin « assumé », les lèvres et les yeux légèrement maquillés, bien coiffé, des boucles d’oreilles en pendentif et l’aspect un peu « précieux » dans un environnement plutôt rugueux. Puis il me submerge d’un flux d’explications sur la fabrication, le bois, la façon de couper les planches, de monter l’ossature des pirogues,
les chevilles en bois qui maintiennent ensemble les planches de teck, la laque naturelle pour colmater les planches et ainsi créer une étanchéité parfaite, les différentes dimensions et types de bateaux, les prix, etc. Lorsqu’il reprend enfin sa respiration, j’en profite pour lui demander de poser pour la photo, il accepte un peu mal à l’aise, puis me complimente sur mon physique. Un peu surpris de cette déclaration hors contexte, je préfère alors prendre la direction des scieurs de planches
qui s’activent derrière nous et dont le travail me semble intéressant à photographier. Les planches qui vont être assemblées pour faire la coque des pirogues sont coupées sans aucune machine à la main, dans la sueur et la force, sur plusieurs mètres de longueur avec une précision impressionnante. Mais ce qui est particulièrement remarquable, c’est la totale synchronisation qu’ont ces ouvriers pour conserver la même cadence.
Deux scieurs placés l’un au-dessus de l’autre poussent et tirent une scie géante dans une cadence infernale et exténuante. Les copeaux de bois tombent comme la neige sur le scieur du bas. Ils travaillent par équipe de deux en même temps. Une petite pirogue pour un pêcheur de 3 ou 4 mètres coûte environ 800$ celle de 12 ou 13 mètres pour véhiculer les marchandises ou les touristes, environ 2500$.
Leave a reply