Le fond du puits.

Nous arrivons dans une zone défrichée, aride et extrêmement poussiéreuse par manque de végétation. Nous sommes en pleine saison sèche. D’immenses rangées de briques s’entassent à l’entrée du « village ». Les gens de ce village travaillent sans relâche durant dix jours puis s’arrêtent une journée pour reprendre ensuite à nouveau dix jours de travail. Chacun fabrique environ 1’500 briques par jour pour un salaire très modeste d’environ 10$ par famille lorsqu’il sont trois à se partager le travail.

Pas d’électricité ici, les habitants louent des batteries de voiture pour s’éclairer.

Dès que nous arrivons les enfants accourent vers « Mister balloon » (Soe Paing, mon guide), le surnom qu’ils lui ont donné, pour recevoir un ballon à gonfler. Soe Paing m’avait proposé de passer dans un magasin acheter des ballons et de les offrir aux enfants de ce «village». Progressivement les enfants, certains accompagnés de leur mère, convergent vers nous pour finir par nous encercler complètement avec des dizaines mains tendues vers Soe et ses ballons. La distribution des ballons faite, nous nous approchons des habitations et Soe entame une discussion avec un père entouré de sa famille devant sa hutte.

La cuisine se fait sur un simple feu de bois à l’extérieur. Le sol des huttes est en terre battue et tout est extrêmement sommaire, absolument rien de superflu, pas de décoration. Nous sommes chez les plus pauvres des pauvres. Ceux qui survivent dans des conditions incroyables. Sans école pour certains enfants, avec des revenus extrêmement faibles au regard du travail produit et dans des conditions d’habitation réellement indécentes.

Mais l’espoir est au fond du puits. Un rayon de soleil ténu s’y reflète sur l’eau qui croupit, celui de la vie et des sourires qui éclatent sur les visages des enfants avec leurs ballons colorés. Leurs sourires sont comme un défi à l’existence injuste qu’on leurs a réservé.