Le parc d'attraction abandonné.

En 1997, quelques-uns des hommes les plus puissants de la dictature du Myanmar se sont réunis pour une cérémonie d’inauguration d’un nouveau parc à thème.

J’avais entendu parler de ce parc de loisir au centre de Yangon complètement abandonné depuis des années, comme oublié et laissé à la végétation luxuriante, aux meutes de chiens à moitié sauvages, aux serpents (selon la rumeur) et à quelques enfants ou adolescents qui viennent y rêver un moment en montant sur des chevaux de bois décrépis.

Attiré par ces vestiges d’un autre temps, j’ai décidé d’aller y faire une promenade photograhique.

La difficulté principale a été de trouver un passage dans la grille qui ferme ce périmètre. Mais en longeant la grille après le zoo, jai trouvé rapidement un espace entre deux barreaux permettant mon passage. Mon problème a été deux heures plus tard de retrouver ce passage pour en sortir.

En 1997, quelques-uns des hommes les plus puissants de la dictature du Myanmar se sont réunis pour une cérémonie d’inauguration d’un nouveau parc à thème près du zoo de la ville de Yangon.

Etaient présents entre autres pour cette inauguration le général Khin Nyunt, le général Tin Oo et l’ambassadeur du Japon. Son pays avait fourni les manèges. A l’époque de sa construction, La junte semblait espérer distraire à travers ce parc une population vivant sous le joug de la domination militaire brutale.

Les médias d’Etat avaient déclaré ce parc comme « un centre de loisirs pour le peuple » en le qualifiant de « classe mondiale ». En fait, les généraux semblaient espérer qu’il aiderait à distraire une population isolée des réalités de la vie sous la tyrannie.

Personne ne semble certain de la raison de la fermeture du parc en 2012 ou 2013, mais une des explications est que le directeur de la société de leasing n’a pas réussi à assister à une réunion avec le ministère des Forêts afin de renouveler le contrat parce qu’il était à l’étranger.

Quelle qu’en soit la raison, sa fermeture a marqué la fin de l’un des projets les moins sinistres de l’ex-junte. L’avenir du parc est maintenant incertain. Certains squatters craignent qu’ils ne soient expulsés lors de l’arrivée prochaine des bulldozers. En parcourant ce parc par les chemins brousailleux qui existent encore on a l’impression de revenir sur les lieux d’un exode brutal et immédiat. Beaucoup de manèges et d’attractions sont encore en place comme si tout s’était interrompu d’un jour à l’autre. Les cabines de contrôle des manèges avec leurs consoles de commandes, les nacelles qui restent suspendues au sommet de leurs courbes, les voitures de la montagne russe qui attendent à la gare de départ des clients improbables. Les auto-tamponneuses qui sont immobilisées sur leurs pistes. Tout est recouvert de poussière, de végétaux, de rouille ou de moisissure. Les couleurs et les enseignes lumineuses ont été lentement décolorées par le soleil et les intempéries. Mais on peut encore facilement imaginer l’ambiance de fête et de musique, les cris des enfants, le bruit des manèges et des hauts parleurs, la réjouissance et le bonheur pour des milliers de visiteurs qui pouvaient s’échapper de leur réalité difficile qu’était la dictature militaire.