La ville de Katmandou fait très certainement partie de ce que j’ai vu de pire dans mes voyages depuis 40 ans en matière d’urbanisme et de pollution. Je suis désolé pour les Katmandais, si par hasard ils me lisent, mais la ville d’un point de vue architectural ou patrimonial n’a quasiment aucun intérêt et j’essaye de positiver en disant çà, ce ne sont que des empilements de briques à toits souvent plats. A part quelques vieux batiments de styles isolés comme ceux de Durbar Square, c’est le néant architectural. Une véritable misère. Un désert de brique sans crépis de façade avec une expansion complètement incontrolée. Cela en est prèsque angoissant, quand mon ami, guide, Srijan, me fait le point de la situation d’une année sur l’autre, je me sens prèsque mal à l’écouter. Les constructions à perte de vue grignotent rapidement, sûrement, inoxérablement, chaque jour, les moindres parcelles qui restent en périphérie du centre où il y a, où il y avaient, il y a peu de temps des rizières, des champs de blé, des cultures. Les cultures et la végétation disparaissent pour laisser la place à des constructions simples de briques. Quand on monte sur un relief et qu’on regarde la ville dévoreuse de nature tout autour et qu’on prend conscience qu’il n’y a absolument aucun plan d’urbanisme ici, c’est afligeant. Le mot est très faible. Je suppose que les impératifs de logements à construire bouleversent et annulent toutes autres considérations devenant secondaires.
La Bagmati. Mais le problème de l’urbanisme à Katmandou n’est bien sûr pas le seul. Lorsque vous circulez dans la ville et passez la rivière la Bagmati par de nombreux ponts pour changer de quartier, une odeur forte d’égouts vous prend les narines. Le niveau de cette rivière est très bas en cette saison sèche. Le lit de la Bagmati est rempli de déchets plus que d’eau, résidus de tissus et sûrement de nombreux éléments bien plus insalubres que je n’ai jamais réellement cherché à identifier. J’ai essayé de comprendre cette odeur, mais je me suis surtout rendu à l’évidence que cette rivière sert d’égout à ciel ouvert et que lorsque l’eau manque il n’y a plus que les déchets qui stagnent. C’est seulement pendant la mousson que ces déchets sont enfin emportés par le courant en aval. Katmandou nous transporte véritablement en matière de système d’égouts à l’aube du moyen-âge en Europe et peut-être même bien avant. En dehors de la mousson, et lorsqu’il y a de fortes pluies, ce sont les véritables égouts qui se mettent à déborder dans les rues et les trottoirs et cette même odeur forte qui revient. À noter, par ailleurs, qu’un des lieux importants de crémation à Pashupati où beaucoup de corps sont brûlés se trouve aussi au bord de cette rivière. Bien sûr, tout ce qui n’est pas consumé sur les bûchers funéraires finit inévitablement dans la rivière.
Les Katmandais. J’ai souvent en tête une image quand je traverse la pollution de Katmandou au quotidien pour aller photographier ses habitants: Un tas de fumier géant dans la cour d’une ferme et au sommet de ce tas une grande fleur magnifique et éclatante qui prospère fièrement. Cette image est un raccourci pour expliquer ce que je ressens lorsque je circule dans cette ville. Les Katmandais sont très attirants de part leur visages atypiques et photogéniques, leurs vêtements colorés, leur sourires accueillants et peut-être avant tout leur grande disponibilité pour se laisser photographier. Pourvu que ça dure ! Je me rappelle avoir reçu au Tibet autour de Jokhang de Lhassa un coup violent sur mon objectif par un pélerin en colère. Les Katmandais acceptent facilement de se faire photographier, certains sont même reconnaissants de cet intérêt qu’on leur accorde. Lorsque je photographie quelqu’un pour faire son portrait, enfant, adulte, vieillard, j’obtiens son accord avant puis je lui montre assez systématiquement le résultat de la photo sur l’écran de mon appareil. J’ai croisé à plusieurs reprises des habitants photographiés qui voulaient améliorer la prise de vue et qui changeaient de position, se déplaçaient dans le décor urbain pour améliorer le rendu final.
Katmandou, 30 portraits de rue – avril 2022.
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